André Gavillet, « Note de lecture: Morts ou vif », Domaine Public, 19 novembre 1999.
Thierry Mertenat, Jérôme Meizoz plonge à la source du chagrin, Tribune de Genève, 1999.
Philippe Dubath, « En noir et blanc », Le Matin, 1999.
Quelques questions par e-mail
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Jérôme Meizoz, pouvez-vous nous dire quelle est l’origine ou quelles sont les origines de votre dernier livre « Morts ou vif « , publié après un autre livre significatif « Le droit de mal écrire »?
Je suis parti d’une sensation, d’une émotion à propos du langage entendu dans mon enfance, les bribes du patois de ma mère. A chaque fois que j’entendais ces mots, c’est comme si on ouvrait un coffre-fort. J’ai voulu aller voir. La question de la «bonne» langue, et de la langue illégitime, «redescendre à son parois natal» (Deleuze ) m’a porté. A partir de là, les souvenirs les plus essentiels, ceux des deuils, se sont enchaînés naturellement, si je puis dire. Le «droit de mal écrire», c’est le droit à trouver son chemin dans la langue, en deçà de toute «norme», de toute consigne scolaire.
En quelques mots, arrivez-vous à cerner ce que l’écriture de ce livre vous a apporté?
Une certaine sérénité face à la mort d’autrui, même si je reste angoissé de la mienne, ce qui après tout est assez banal. J’ai appris le deuil, et compris que l’écriture trouve en nous une racine très profonde : il s’agit de trouver son «ton», comme on trouverait une couche de terre archéologique, et puis tout vient très justement. J’ai trouvé un ton, le mien, ce qui ne signifie pas que je m’en tiendrai à celui-la.
Pour quelle raison avez-vous souhaité accompagner votre texte de photographies d’Oswald Ruppen ?
A l’origine, la collection où paraît ce livre est illustrée, par exemple Le Hibou et la Baleine de Nicolas Bouvier. L’éditrice m’a demandé un nom de photographe. J’ai immédiatement pensé à Ruppen, car c’est lui la mémoire photographique du Valais des années 1960-1970. Ses photos sont à la fois documentaires et nostalgiques, mais pas de cette nostalgie patriotico-kitsch qui prévaut trop souvent. Et puis Ruppen a été le maître d’apprentissage d’un très grand écrivain d’origine valaisanne, Jean-Marc Lovay, qui l’admire beaucoup. Ruppen est comme un moine tibétain qui a médité ce pays toute sa vie.
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